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Chirurgie esthétique : les – mauvaises – leçons des stars
Dans son dernier livre, le Dr Vladimir Mitz regrette que de nombreuses personnes souhaitent ressembler à des célébrités qui « vont au-delà des normes ».
PAR ANNE JEANBLANCMickael Jackson en concert à Nice en 1998.
© Patrick SICCOLI/SIPA /
Si vous cherchez des informations sur la chirurgie esthétique – ou dans tout autre domaine –, le premier réflexe est désormais d'aller sur Internet. Et si vous tapez « pire chirurgie esthétique de tous les temps » sur Google, vous obtiendrez 309 000 réponses ! C'est par ce chiffre impressionnant que Vladimir Mitz commence son dernier livre*. Ce médecin formé en France et aux États-Unis, qui a beaucoup innové et publié de nombreux ouvrages sur le sujet, s'intéresse cette fois à la place occupée par sa spécialité dans notre société et aux ratés qui lui donnent une si mauvaise image. Il détaille notamment le cas des « stars qui fascinent et vont au-delà des normes ».
Le premier cité – et cela n'étonnera personne – est Michael Jackson, décédé en 2009. Ce génial chanteur pop américain est devenu, « à son corps défendant, le parangon des massacres de la chirurgie esthétique ! » précise l'auteur. Né avec un nez épaté, il a subi environ treize opérations, pour terminer avec un appendice nasal de plus en plus petit, retroussé, recouvert d'une peau qui se rétracte, « ce qui confère à son visage une vague forme de zombie décharné ». Il s'est même fait mettre un implant pour obtenir une fossette au centre du menton. « Malheureusement, les candidats à une identification parfaite à Michael Jackson abondent et s'obstinent à lui ressembler, ce qui pousse des chirurgiens non éthiques et cupides à participer à ce scénario pervers. »
« French lips »
Le cas d'Orlan est bien différent. Cette femme née en 1947 a choisi d'être artiste de son propre corps. Elle s'est fait implanter (par une chirurgienne américaine amie et complice) des prothèses de pommette ou de menton au-dessus des sourcils, comme l'ébauche de deux antennes virtuelles. Depuis, de nombreuses personnes ont cédé à cette mode. « On trouve des clubs d'individus qui s'implantent ou se font implanter des fragments métalliques, des pointes, des rotondités ou autres au niveau de crâne, de la face, du corps … » note Vladimir Mitz, qui refuse de pratiquer ces « actes chirurgicaux hors nature ».
Le troisième exemple n'a pas de nom, mais elle est très facile à identifier : « Une artiste d'une beauté fragile voire un peu chancelante, troublante, a posé un problème à la société française dans les années 1990 : très jolie fille, fine, menue, au visage aigu, excellente actrice d'une nouvelle génération, elle réapparait soudain sur les écrans porteuse de lèvres surgonflées ». Même si l'actrice a ensuite reconnu avoir fait une grande erreur, beaucoup d'hommes et de femmes, jugeant leurs lèvres trop minces et pas assez sensuelles, ont depuis opté pour les « french lips ». Pas toujours avec succès…
Le Dr Mitz admet bien volontiers que les résultats ne sont pas toujours satisfaisants en matière d'esthétique (chirurgie et aussi médecine, dont la part est sans cesse croissante). En France, on estime que 5 % des patients peuvent présenter « des problèmes allégués ou des situations mal vécues en post-opératoire », dont moins de 1 % est préoccupant. D'ailleurs, certaines opérations peuvent être jugées comme ratées par le patient et réussies par le chirurgien. D'où la nécessité d'un bon dialogue avant l'intervention… et aussi après, si le résultat n'est pas conforme aux attentes.
* « Chirurgie esthétique : pour ou contre », éditions Flammarion, 224 pages, 18 euros.